Yves Gabay
Un an après avoir été l’invité du Festival des littératures policières de Toulouse, RJ Ellory est de retour dans la Ville rose. Invité par la librairie Ombres blanches demain mercredi, la star du roman noir y présentera son nouveau thriller.
Dans «Mauvaise étoile» (Editions Sonatine), son dernier thriller au suspense souvent insoutenable, il invente la figure inquiétante d’un psychopathe, Earl Sheridan. A l’inverse, l’écrivain anglais, revenu de toutes les tempêtes de la vie, est courtois et chaleureux.
Vous revenez à Toulouse : vous aimez la France et elle vous le rend bien...
Je pense que j’écris des romans noirs peu conventionnels, où le crime est au fond moins important que les drames humains. Quand je suis en France, je dîne avec des amis et à 23 heures, nous sommes encore en pleine conversation sur la philosophie, la religion, on se pose des questions qui seraient considérées partout ailleurs inconfortables. Les Français semblent avoir deux fois plus de temps que les autres : le temps du travail, et celui qu’ils organisent autour de la famille, de la culture...
Vous êtes très prolifique : un livre par an !
Je n’ai pas de vrai boulot! Quand j’écris un livre, je travaille six à huit heures par jour et le soir, je cuisine. Souvent, ma femme me regarde cuisiner en silence et me demande : «Mais à qui parles-tu ?» Elle sait que dans ma tête, je continue à écrire mon roman...
Un livre est aussi bon que la joie (ou la douleur) d’écrire que l’on devine chez son auteur. Là, on sent que vous adorez nous faire peur...
Je suis d’accord ! Ce qui m’intéresse, c’est l’émotion, pas le récit ou l’enquête... Ce que j’aimerais, c’est qu’un jour, une personne voit quelqu’un lire un de mes livres et, sans se souvenir de l’intrigue, se souvienne juste des émotions que la lecture lui a données. Un lecteur m’a récemment dit qu’il avait été si émotionnellement vidé par «Mauvaise étoile» qu’il n’avait rien pu lire pendant deux jours!
Vos personnages sont très vrais...
Prenez des jumeaux : même ADN, mêmes parents, même environnement. L’un peut devenir un psychopathe, l’autre un neurochirurgien... C’est ça que j’ai voulu écrire : ces deux garçons, si proches, réagissent totalement différemment face à au psychopathe Sheridan...
Elliott et Clarence, les deux jeunes ados de «Mauvais étoile» pourraient-ils être Roger Jon Ellory et son frère aîné...?
Bien sûr. Écrire sert à cela, à exorciser ce fameux côté sombre dont on parlait. Je ne sais pas séparer les deux, même si je n’ai jamais pris la vie de quelqu’un ! Au début du livre, Clarence perd sa mère, à l’âge que j’avais lorsque j’ai perdu la mienne. Je me suis assis à ma table de travail et j’ai fouillé dans ma mémoire. Qu’est-ce que j’ai ressenti quand ça m’est arrivé? Quels étaient ces sentiments de perte, d’incertitude, cet impact émotionnel ?
Vous arrive-t-il de songer à ce que vous seriez devenu sans les livres d’abord, et l’écriture ensuite ?
Je le sais : je serais dans un hôtel ou un motel américain, français ou italien, entouré d’amis musiciens et de guitare. Je serais musicien. D’ailleurs, le 14 octobre, je retourne en Angleterre pour enregistrer un album avec mon groupe Zero Navigator !
RJ Ellory sera mercredi 9 octobre de 18 à 20 heures à la librairie Ombres blanches (50, rue Gambetta, tél : 05 34 45 53 33 pour une rencontre-dédicace.
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