Los Angeles, 1946. On retrouve le cadavre atrocement mutilé d’une jeune femme qu’on surnomme très vite " Le Dahlia Noir ". Et ce sont les flics du LAPD (Los Angeles Police Department) qui vont enquêter. Deux policiers, plus précisément, pour qui cette enquête va se révéler envoûtante et obsessionnelle. James Ellroy fait partie de ces écrivains qui s’inspirent d’abord de la réalité, celle des villes et de leurs faits divers, celle de leur propre existence parfois, pour construire leurs romans. Toujours à la limite de la biographie, voire de l’autobiographie, les bouquins de James Ellroy foisonnent de situations, d’histoires entremêlées, de personnages concrets. La gageure était grande donc, de s’attaquer, au travers du dessin, à l’œuvre d’un véritable auteur mythique du roman noir américain.
Pour adapter ce roman touffu, dru, important, les scénaristes Matz et David Fincher se sont lancés, avec l’appui graphique de Miles Hyman, dans un travail de fond, un travail de longue haleine, un travail minutieux, également, qui puisse générer, à partir de l’ambiance tellement particulière de l’œuvre originelle, un livre de bd qui soit à sa hauteur.
Le dahlia noir, c’est l’histoire d’un meurtre, c’est le récit d’une enquête policière décrite presque au jour le jour, avec ses méandres, ses fausses pistes, ses routines quotidiennes. C’est également le portrait de quatre personnages centraux, autour desquels tout se construit, lentement, patiemment, avec de nombreuses ellipses, de fréquents non-dits. Le dahlia noir, c’est, aussi et surtout peut-être, la mise en images d’une obsession. Celle d’une femme, celle de la corruption, celle du pouvoir, celle d’une morte, celle de la vie qui s’essouffle et se désespère. Et le découpage de Miles Hyman, extrêmement documenté, accompagne ces histoires de manière parfois profondément cinématographique.
Adapter James Ellroy en bd ne pouvait se faire que grâce à une relecture totalement respectueuse du roman choisi, grâce à un dessin, également, qui réussisse à s’intégrer pleinement dans la trame narrative, tellement particulière, utilisée par Ellroy et restaurée par Matz et Fincher. Et le dessin de Hyman possède toutes les qualités nécessaires à la parfaite réussite de cette aventure artistique et éditoriale. L’univers de James Ellroy est un univers dur, rude, brutal, touffu, le dessin de Hyman l’est tout autant.
J’avoue avoir eu peur de cette adaptation, tant il est vrai qu’en lisant Ellroy on se crée toujours ses propres images. Et la force de Hyman, justement, est de puiser dans l’imaginaire collectif des années 40 et 50 pour nous restituer des personnages qui ressemblent à ceux que nous nous imaginions. Le pari était audacieux, et, à l’arrivée, on peut dire que le contrat est parfaitement rempli ! Une réussite qui se complète, se continue, grâce à l’exposition que la Galerie Champaka, à Bruxelles, consacre aux planches originales du Dahlia noir.
La littérature n’est que rarement une bonne base pour une bonne bd. Et donc, quand c’est le cas, quand il y a osmose entre le texte d’origine et le résultat final, il ne faut surtout pas bouder son plaisir ! Ne le boudez pas, et plongez-vous dans cet album qui ajoute un fleuron de plus aux lettres de noblesse du polar noir traité à l’américaine, sans caricature, et avec une efficacité redoutable !
Jacques Schraûwen
Le Dahlia Noir (scénario : Matz et David Fincher – dessin : Miles Hyman – éditeur : Casterman)
Exposition à la Galerie Champaka de Bruxelles (rue Ernest Allard 27 – 1000 Bruxelles) jusqu’au 8 décembre
Exposition à la Galerie Champaka de Paris (rue Quincampoix 67) jusqu’au 30 novembre
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