[La Dépêche, 9 octobre 2009]
Yves Gabay
Il est des passionnés que l'on écouterait parler des heures entières. Claude Mesplède est de ceux-là. Le président du 1er Festival des littératures policières, qui se tiendra à Toulouse du 9 au 11 octobre est, en matière de polar, un historien mondialement reconnu, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, dont l'incontournable « Dictionnaire des littératures policières ». Pour sa première édition, il a choisi de mettre l'Espagne à l'honneur : «L'Espagne, qui a toujours joué un rôle majeur dans l'histoire de Toulouse, a un polar qui est à maints égards différent du polar français : la critique sociale, qui caractérise si bien le roman noir, s'y trouve écrasée par la dictature franquiste. La constante, c'est le polar picaresque. On s'intéresse aux petites gens, on décrit les villages…» «fouiller dans les entrailles d'une ville».
Né en 1972 avec «Petit à petit l'oiseau fait son nid» de Jaume Fuster, le courant noir catalan est, nous rappelle Claude Mesplède, un genre littéraire aussi passionnant que méconnu, et éclairé par des chefs de file de la trempe de Manuel Vázquez Montalbán, Eduardo Mendoza ou Francisco Gonzalez Ledesma. Ce dernier est d'ailleurs l'invité d'honneur du Festival, avec le romancier Didier Daeninckx et le critique François Guérif. De nombreuses tables rondes permettront d'explorer la jungle luxuriante de ce genre foisonnant: polar espagnol et œuvre de Ledesma, bien sûr, mais aussi hommage à Vázquez Montalbán (avec son fils et son biographe), la guerre dans le polar français, les tueurs en série (avec le spécialiste Stéphane Bourgoin) et beaucoup d'autres… 50 auteurs, dessinateurs et spécialistes, français et espagnols, viendront parler de leur passion et rencontrer le public. Miroir sans tain de nos sociétés à la violence sans cesse réinventée et baromètre des tensions socio-politiques de notre temps, le polar dont Francisco González Lesdesma rappelle que la mission est de « fouiller dans les entrailles d'une ville, d'une société » n'a depuis les années 50 jamais cessé de s'ouvrir au monde. «On commence à découvrir les polars iranien et turc, poursuit Claude Mesplède, et ils sont passionnants. La littérature policière a définitivement tourné le dos aux gardiens du temple, qui la considèrent encore avec le mépris qu'ils réservaient avant à la BD ou à la musique pop. Le public, lui, a compris. Le polar, on n'en fait jamais le tour.»
1er Festival des littératures policières, les 9, 10, 11 octobre au Forum de la Résistance (1, allée Marc Saint-Saëns. Métro ligne A - station Basso-Cambo). Entrée libre et gratuite. Le Festival se déclinera également «hors les murs», à L'instituto Cervantes, à la Médiathèque José Cabanis etc. Programme complet sur http://toulouse.polars.du.sud.over-blog.com
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