Christine Ferniot
L'auteur de "La Danse de l'ours" et du "Dernier baiser" a bousculé le roman noir pour laisser une œuvre puissante, qui fait aujourd'hui l'objet d'un ample travail de réédition.
C'est en retraduisant Fausse piste – paru aux Etats-Unis en 1975 et publié en France treize ans plus tard par Christian Bourgois – que les éditions Gallmeister inaugurent la redécouverte en France de James Crumley (1939-2008). Invitation à (re)plonger dans l'oeuvre intense, puissante et très sombre d'un grand romancier américain, né au Texas mais qui choisit de s'implanter dans le Montana. Pourquoi?
1. Parce que James Crumley a secoué le roman noir
Il fait partie de ces écrivains américains qui ont bousculé le genre, avec des héros durs à cuire et des enquêtes qui n’ont rien d’une pastorale de santons provençaux. Avec Fausse piste, son premier polar, on est de plain-pied dans le Montana, au pied de la chaîne Diablo et du mont Sheba couvert de neiges éternelles, en compagnie de Milo Milodragovitch, ancien adjoint du shérif de Meriwether. Milo est devenu détective privé, mais n'en est pas moins demeuré ivrogne et drogué. Engagé par la belle Helen Duffy, il part à la recherche de son frère, Raymond, disparu depuis trois semaines. Evidemment, le privé n’est pas insensible aux charmes d’Helen quand il accepte le travail...
Mais bien plus que l’histoire, c’est l’écriture puissante et l’atmosphère déglinguée qui envoûtent et fascinent. Il y a de l’amour, du whisky et du caractère dans les livres de Crumley. De l’humour aussi.
2. Parce que Fausse piste n'est qu'un début
Les éditions Gallmeister ont entrepris de rééditer l'intégralité des livres de James Crumley – comme elles l’ont fait déjà pour Ross Mcdonald. L'éditeur a donc fait retraduire les romans de Crumley par Jacques Mailhos, afin de donner une unité à l'œuvre. Il promet, dans la foulée, la seconde aventure de Milo Milodragovitch intitulée La Danse de l’ours, un chef d’œuvre très aviné.
Puis viendra la série des « Sughrue » – C.W. Sughrue est l'autre enquêteur récurrent de Crumley –, avec notamment Le Dernier baiser. Ces fictions disent, à leur manière, la grande dérive des individus, la défaite sentimentale, dans une Amérique en décadence.
Signalons qu'en prime, Fausse route est préfacé par Caryl Férey, et illustré par Chabouté dans un noir et blanc élégant avec une pointe de mélancolie.
3. Parce que Crumley est un classique contemporain
Avant de s’extasier devant les nouveaux auteurs de thrillers qui bricolent des histoires de fillettes enlevées par des tueurs en série, ou de s’émerveiller devant les néoruraux du polar bouseux, il convient d'avoir lu les fondamentaux, et James Crumley en est un ! Du même niveau que les James Lee Burke, Jim Harrison, Richard Hugo et autres James Welsh, qui furent ses voisins dans le Montana et ont fréquenté les mêmes bars – qui constituèrent leur second foyer...
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