12 de juny del 2016

Un grand classique du roman noir retrouve son éclat 50 ans après sa parution

[Paris Normandie, 12 juin 2016]

Roman le plus célèbre du grand écrivain américain Jim Thompson, numéro 1.000 de la Série Noire, adapté au cinéma par Bertrand Tavernier, «1275 âmes», sorti en France il y a 50 ans, est enfin publié en version intégrale avec une nouvelle traduction.
Les lecteurs francophones vont pouvoir découvrir dans toute sa splendeur ce chef d’œuvre de la littérature policière et de la littérature américaine en général.
Plus fidèle au titre original («Pop. 1280»), le roman, magistralement traduit par Jean-Paul Gratias, traducteur réputé de nombreux auteurs américains dont James Ellroy, s’intitule dans la version revue et corrigée «Pottsville, 1280 habitants». Comme la plupart de l’œuvre de Jim Thompson, disparu en 1977, le livre est publié par Rivages/Noir.
Sorti aux États-Unis en 1964, «Pop. 1280» a débarqué en France deux ans plus tard grâce à Marcel Duhamel, le créateur de Série Noire. Traduit par Duhamel lui-même, il l’a choisi pour être le numéro 1.000 de sa collection, un volume aujourd’hui avidement recherché par les collectionneurs.
Ce roman de Jim Thompson, un des auteurs majeurs du polar (à l’instar de Dashiell Hammett, Raymond Chandler ou David Goodis) a tout de suite rencontré le succès. Pourtant, déplore François Guérif, directeur de Rivages/Noir et spécialiste français du roman noir, «si c’est Marcel Duhamel qui a révélé Jim Thompson en France, il l’a maltraité, comme il l’a fait pour beaucoup d’auteurs de la Série Noire».
Dans son livre «Du polar» (Rivages/Noir), François Guérif explique que le roman traduit par Duhamel a subi «des coupures monstrueuses et parfaitement injustifiées».
- Les cinq disparus -
Longtemps (et injustement) considéré comme un genre mineur de la littérature, le polar a subi les pires avanies. Jusque dans les années 1970/1980, les romans noirs américains ont souvent été mal traduits, des passages entiers ont disparu, les contresens étaient légions.
Paru en France dans sa version tronquée en 1966, on s’étonne de découvrir que, jusqu’à cette nouvelle traduction, le roman de Jim Thompson n’a jamais cessé depuis 50 ans d’être régulièrement réédité dans la version de Duhamel.
Jim Thompson n’a pas été le seul auteur américain de polars à être trahi par ses traducteurs. Quand certains écrivains comme Boris Vian traduisait Raymond Chandler (qui bénéficie aujourd’hui de nouvelles traductions plus fidèles aux textes originaux), le lecteur francophone lisait davantage une œuvre de l’auteur de «L’écume des jours» que le véritable récit du romancier américain.
Au cinéma, le roman de Jim Thompson a été très librement adapté sous le titre «Coup de torchon» par Bertrand Tavernier qui n’a pas hésité à transposer l’histoire en Afrique coloniale à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
En fait, le roman se situe au début du XXe siècle à Pottsville, une bourgade imaginaire du sud des États-Unis, écrasée par le racisme et la veulerie. Ses 1.280 habitants vivent sous la protection du shérif Nick Corey, type étrange, trompé par sa femme, méprisé par la plupart des gens et... assassin.
Sous ses airs débonnaires, Corey est un vrai psychopathe. Il élimine ses éventuels rivaux au poste de shérif avant de sombrer dans une implacable folie meurtrière, s’imaginant incarner le Christ lui-même.
Le roman de Thompson commence comme une farce bouffonne et s’achève en tragédie pessimiste sur la condition humaine. C’est une œuvre qui soutient la comparaison avec les plus grands livres de Faulkner.
«Toujours cité, ce roman de Thompson n’a jamais été égalé», a écrit dans ses Chroniques Jean-Patrick Manchette (1942-1995), l’un des auteurs les plus marquants du renouveau du polar français dans les années 1970.
Enigme littéraire qui restera à jamais sans réponse on ne peut que se demander pourquoi «Pop. 1280» fut traduit initialement par «1275 âmes». Pourquoi cinq personnages ont disparu dans la première traduction française?

L’auteur de polar Jean-Bernard Pouy s’était amusé à chercher une explication à ce mystère insoluble dans un roman drôle et érudit intitulé «1280 âmes» paru en 2000 et réédité chez Points.


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