Le détroit du Loup : Olivier Truc déçoit

[Livres Connections, 12 septembre 2014]

Christophe Laurent

Auteur d'un premier roman, Le dernier Lapon, justement remarqué et largement récompensé, Olivier Truc sort en cette rentrée Le détroit du Loup, deuxième tome des aventures de sa patrouille des rennes, à savoir Klemet et Nina, à cheval sur leur scooter des neiges et sur les frontières, norvégiennes, finlandaises, russes. A une époque de l'année où la nuit ne dure que trois ou quatre heures, ils doivent affronter un terrible accident mortel lors de la transhumance d'un troupeau de rennes. Erik, jeune berger symbolique du peuple Sami, s'est noyé dans un concours de circonstances qui reste à éclaircir. Des Sami par ailleurs sérieusement remontés contre développement de l'industrie pétrolière, sur des terres  qui leur sert de pâturages depuis des siècles... Un conflit qui pourrait s'envenimer avec la mort, là aussi très curieuse, du maire tout puissant de Hammerfest, bourgade de 10 000 habitants nourrie au sein de l'or noir.

Le décès d'un tel notable fait pour le moins mauvais genre à l'heure où les compagnies pétrolières lorgnent sur d'autres puits de pétrole dans cette mer de Barents qui s'annonce comme un nouvel eldorado. Et comme si cela ne suffisait pas, deux représentants de ces compagnies explosent dans un caisson de décompression transformé en lupanar...

Ok, il y a quelqu'un qui en veut à l'industrie du pétrole. Normal, quand on découvre les méthodes passées, notamment dans la plongée profonde, sans sécurité, sans morale, au détriment de ces aventuriers en scaphandre, remontés avec des traumatismes, des séquelles, inimaginables. Sans parler donc du conflit ouvert avec le peuple éleveur des samis. Mais c'est bien tarabiscoté et Olivier Truc semble, à un moment, ne plus savoir comment nourrir à la fois son propos et son intrigue. Il tente bien d'organiser une histoire parallèle où Nina retrouve son père après quinze d'absence mais ça ne fonctionne pas très bien. C'est presque convenu. Curieusement, pendant la lecture on a le sentiment que l'auteur veut faire du polar scandinave : rythme, histoires personnelles, tentative de love story, dénonciation d'une hypocrisie gouvernementale...!

Là où Le dernier Lapon affichait de la fraîcheur, des nouveautés, Olivier Truc nous sert cette fois des ficelles un peu grosses. Et ne nous surprend plus.

Le détroit du Loup, Olivier Truc, ed. métailié, 410 pages, 19 euros.