13 de setembre del 2018

Le polar français, d'Elfriede Müller i Alexander Ruoff


Elfriede Müller, Alexander Ruoff. Le polar français: crime et histoire. Traduit de l'allemand par Jean-François Poirier; préface de Frédéric H. Fajardie. Paris: La fabrique, 2002. ISBN: 2-913372-21-X

Dans cet essai original et novateur, les auteurs se livrent à un exercice inédit : poursuivre les traces des combats perdus et des occasions révolutionnaires manquées du XXe siècle dans le roman noir français et dans la philosophie de l’Ecole de Francfort. Selon les auteurs, le polar est à la fois une forme contemporaine d’écriture de l’histoire et l’expression d’une praxis politique de gauche. Les codes traditionnels du roman policier y sont constamment déjoués et n’agissent plus que comme un prétexte leur permettant d’atteindre un large public, aux antipodes de l’élitisme francfortois.


Comme dans la théorie critique de Adorno, Horkheimer et Benjamin, la vision du monde qui se dégage du polar est profondément pessimiste et désillusionnée. Ses héros sont des marginaux, leurs aventures révèlent à chaque fois les injustices de la société et les blessures de l’histoire, qu’ils s’obstinent à fouiller et à percer à jour. La guerre civile espagnole, Vichy, Auschwitz, la guerre d’Algérie, Mai 68 sont souvent le cadre de leurs récits. Reste ouvert un horizon d’espérance teint de mélancolie, puisque l’histoire qu’ils racontent est celle des vaincus. Sceptiques quant au rôle émancipateur du prolétariat, les philosophes francfortois préservaient dans la théorie l’image d’une société libérée. Appartenant à une autre génération, issus d’autres expériences politiques (Mai 68) et d’un autre milieu social, souvent prolétarien, les écrivains de polars ont donné à cette image une forme littéraire.


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